« Nous devons sensibiliser les utilisateurs de cartes marines à l’importance de se mettre à la S-100 et, au Shom, nous sommes là pour les aider à s’y préparer », dit Nathalie Leidinger. Depuis les années 90, les navires de commerce dits SOLAS(1) disposent de cartes marines électroniques et installées sur les ECDIS(2) à bord. Dès le 1er janvier 2026, les premiers ECDIS S-100 pourront être commercialisés et installés à bord des navires. Cette date marquera le début d’une phase de transition jusqu'au 1er janvier 2029, date à laquelle tous les nouveaux systèmes devront être conformes à la nouvelle résolution de l'OMI sur les normes de performance ECDIS. « 2026 va arriver très vite ».
La carte marine S-100 apportera des données plus précises et même du temps réel. A cela s’ajoutera de multiples services d’aide à la décision. L’ensemble de ces produits est en cours de développement par le Shom et les travaux actuels visent à leur parfaite intégration dans les ECDIS et plus largement dans toute la chaine de valeurs de la e-navigation. Bien sûr, à terme les produits seront payants mais comme c’est déjà le cas pour les cartes marines.
Pour expliquer, prenons trois exemples :
La S-100 s’adresse en priorité aux navires de commerce qui doivent respecter la convention SOLAS. Les fabricants d’ECDIS sont donc directement concernés mais les fabricants d’ECS le seront également. Les ECS(3) équipent les bateaux des plaisanciers et de nombreux professionnels, en particulier les pêcheurs, qui n’auront pas tous l’obligation légale d’utiliser les produits S-100. Néanmoins ces produits permettront le développement de services additionnels intégrables à ces matériels qui intéresseront leurs utilisateurs
Les acteurs portuaires (capitainerie, pilotes…) seront aussi des consommateurs des produits S-100 (par exemple, pour augmenter les performances des matériels de pilotage portable (PPU) des pilotes de port, demandeurs de données de haute précision) ainsi que des producteurs de données qui pourront enrichir ces produits. Les acteurs portuaires mènent régulièrement des levés bathymétriques et ont une connaissance fine de l’environnement côtier et des usages des bateaux dans leur secteur.
Autre utilisateur potentiel, les pilotes de drones sous-marins.
Visuel reproduit avec la permission du Secrétariat de l’OHI - autorisation N° 01/2021 |
« Nous avons besoin d’une vue globale et tout retour d’expérience permettra de répondre aux besoins des utilisateurs des produits S-100 ». Le Shom est ouvert à toutes propositions de projets collaboratifs sur le sujet.
Voilà pourquoi le Service Hydrographique Français propose, entre autres, de jouer avec des données tests sur la zone de St Malo. Pourquoi cette zone ? « C’est tout d’abord parce que nous avons des données LIDAR acquises dans le cadre d’un projet financé en partie par la Région Bretagne ; c’est aussi en lien avec un projet que nous menons en collaboration avec le Service Hydrographique du Royaume-Uni intitulé « S-100 across the Channel » ». Ce projet s’appuie sur le développement de prototypes d’ECDIS qui seront testés en mer en 2024. Le sujet a été présenté lors de la Sea Tech Week® 2022 dans la session intitulée « What does the IMO e-Navigation S-100 bring to maritime transport? » portée par le Shom.
C’est avec l’implication de l’ensemble des acteurs maritimes que la France pourra devenir un incontournable de la e-navigation.
(1) Du nom de la convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer
(2) Electronic Chart Display Information System. Système de visualisation des cartes marines au format électronique
(3) Electronic Chart System